Je reprends donc cet article là où il en était resté il y a quelques mois en arrière car le chantier est maintenant fini. Au passage, je remercie tous les lecteurs qui suivent ce blog et leur demande de bien vouloir m’excuser s’il arrive que celui-ci reste inactif pendant plusieurs semaines consécutives, mais le quotidien de l’atelier, même s’il est fourni, ne nécessite pas systématiquement de faire l’objet de nouveaux articles.
Revenons à notre guitare classique du luthier Antonio Ruiz Lopez sur laquelle j’avais pu commencer à recoller la rosace lourdement déteriorée lors de l’accident. Une fois reconstituée “sur place” c’est à dire sur l’ancienne table en me servant au maximum des fibres environnantes comme autant de guides, (voir la première partie de l’article) j’ai fini par découper et isoler la rosace devenue plus “aisément” manipulable.
Ma nouvelle table de remplacement étant calibrée en épaisseur, j’avais préparé la saignée qui allait recevoir la rosace. Il faut imaginer que cette marquetterie vieille de 50 ans a évolué sur une table qui s’est logiquement déformée au fil des années, de par sa finesse et les tensions qu’elle subit, et je dois la faire pénétrer dans une entaille taillée en un cercle parfait. La fragilité de cette mosaïque de bois n’autorisant aucune manipulation excessive, c’est encore avec beaucoup de patience qu’il a fallu ajuster son incrustation. Et comme à chaque fois que l’on ré-incruste une pièce de bois ou de nacre ayant été déjà incrustée une première fois, la marge de manoeuvre est très fine, car l’affleurement final ne supporte plus aucun écart.
La bouche est ensuite ouverte.
Une fois ce travail accompli, j’ai fini de barrer la table, en sélectionnant toujours avec précision les épicéas composant le barrage, puis j’ai incrusté cette nouvelle table au centre des filets de bordure que j’avais pris soin de conserver. Une des difficulté a été de faire ce travail sans aucun écart du fait de la finesse de cette filetterie dont les brins n’excédaient pas les 2/10 de mm en une alternance multiple de brins noirs et blanc. Autant dire que dès qu’un brin était effleuré, il disparaissait!
La table est incrustée au centre des anciens filets de pourtour. Elle peut enfin être retirée du chantier.
L’ensemble de la guitare a été décapé, nous avons profité du fait que la table était ôtée pour reprendre toutes les fractures, les réaligner, les renforces, les suturer, les affleurer, recoller les barrages, nettoyer les anciennes réparations. Le vernis au tampon -quand il en restait- avait fini par former un voile blanchâtre qui ne faisait pas honneur au palissandre de Rio, un très fin cellulo à parachevé le travail.
La guitare a été entièrement refrettée, elle est comme neuve.
… Et pour mémoire, ça c’est le jour où elle est arrivée à l’atelier.
Je remercie Jean-Claude pour sa confiance, sa patience et toute la latitude qu’il m’a laissé autour de ce projet. Il nous aura fallu à tous une bonne dose d’audace pour nous lancer dans une telle entreprise mais son dernier mail montre qu’on à eu raison d’avoir confiance:
“….Quelle magnifique réussite !
Ma Guitare est superbe , avec une intense et belle sonorité .
Merci encore á Toi , ton talent et ton imagination ont su vaincre ” l’ Inaccessible ” ……… “
Merci également à mon ami Jean-Pierre Picard qui m’a dépanné de cette magnifique table en épicéa des dolomites, je n’imaginais pas une seconde lorsque nous avons fait notre approvisionnement en Italie que j’aurai besoin un jour d’une table classique en tout premier choix, concentré surtout sur le fait que j’avais besoin de tables pour mes acoustiques à cordes acier.
Dans le prochain article j’aurai l’occasion de vous faire un petit compte rendu d’une rencontre que j’ai faite avec un luthier aux réalisations étonnantes…
Je vous ferai découvrir également une nouvelle machine qui est récemment entrée à l’atelier et du coup, un nouveau service que je propose!
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