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Sur la fabrication de nos micros

Dernière mise à jour : 17 août

Article dans lequel je prends un peu de temps pour expliquer ma philosophie et mes choix concernant les micros fabriqués à l'atelier. 


L'alnico est un alliage composé essentiellement de fer, d'un peu de cuivre mais ce qui en fait sa particularité c'est la présence de ces 3 métaux: ALuminium, NIckel et CObalt en pourcentages variables. Cet alliage à la particularité de rendre "permanents" les aimants ainsi créés.


micros boutique faits main

Ces métaux sont extrait de minerais provenant d'endroits bien précis sur le globe. Quand on parle de minerais, on parle de terre, de géologie. Chacun de ces minerais possède des qualités qui lui sont propres, et la façon dont on extrait le métal de ces minerais relève aussi de méthodes bien précises si l'on veut que l'extraction soit optimale et le produit sans défaut. Le travail des métaux est un art ancestral que l'on retrouve dans différentes civilisation sur différentes parties du globe et qui pour chacunes d'entre elle possède des approches et des usages différents, pour des résultats différents en termes de techniques, d'esthétiques et d'usages.


Entre les fers forgés vikings, les damas japonais, les plumes d'écriture Sheffield anglaises, chaque acier à ses particularités qui sont arrivés à bouleverser, créer , modifier des paysages et des civilisations. La révolution industrielle à commencé en Angleterre , grâce à l'invention de la machine à vapeur qui a permis de developper l'industrie métallurgique, la fabrication mécanique des plumes pour écrire, les armes, les outils etc. Tout ça pour dire qu'il y a autant de minerais différents que d'aciers et que d'usage de ces aciers, et qu'un métal peut avoir d'incomparables qualités pour faire un katana mais ne pas avoir celles nécessaires à faire un bon micro. Vitus, Colombus, Shefield, Reynolds, Tange, Cr-Mo, acier doux, acier trempé, alliage, fonte, inoxydable, la famille des aciers est pour le moins aussi vaste que celle du bois.

Les USA sont historiquement pourvus en matière d'exploitation de minerais, on a tous en tête les machines gigantesques, les mines démesurées, les moyen faramineux qu'ils mettent en oeuvre pour extraire les métaux dans leur pays, moyens qui contribuent également à ravager des régions entières et provoquer des pollution d'une profondeur extrême mais c'est un autre sujet. Cela également pour dire que cette exploitation minière fait partie de leur histoire, au même titre que le pétrole, que l'automobile, et que ... la musique.



Mécanique Kluson de 1957

Savez vous par exemple que l'usine qui fabriquait les mécaniques Kluson se situait à Chicago, un pôle industriel de la métalurgie qui voit son essort en 1900, boosté par l'industrie agro-alimentaire florissante et qui à besoin de boites de conserve pour emballer et conserver la production . Je ne peux m'empêcher de voir un lien entre la disponibilité des matières premières, de l'outillage, et des spécificités liées à l'usinage de l'acier toutes regroupées dans cette même ville et le faubourg St-Antoine à Paris qui regroupait les ébénistes mais également les fabricants de quincaillerie ou de vernis pour l'ébénisterie, le voisinage signifiant gain de temps, de frais de transport et mise à disposition de nouveautés, donc d'évolution.



Retour aux USA: on sait donc que le pays était indépendant en terme d'approvisionnement, exploitation, transformation, manufacture des matières premières, on sait que Fender utilisait des mécaniques faites à Chicago, il me semble donc évident que les aimants utilisés pour les micros provenaient de sources nationales car à l'époque ils n'avaient aucun raison d'aller chercher ailleurs, ayant tout sous la main à des prix défiant toute concurrence. La fin de mon raisonnement est donc que pour avoir des aimants "qui sonnent" "à l'américaine" ils faut aller les chercher aux USA, mais comme je n'ai pas le temps d'aller me promener, c'est de là-bas que je les fais venir. Et comme je fabrique des guitares issues de la culture américaine, et que je tiens à obtenir le meilleur de cette culture, je choisis donc de reproduire les micros que je fais à la main, comme ils le faisaient à l'époque et avec les matériaux qu'ils utilisaient à l'époque, pour me rapprocher au maximum du meilleur de ce que l'on obtenait à l'époque, et qui, semble-t-il n'a jamais été surpassé aujourd'hui si l'on en juge les prix qu'atteignent les guitares américaines de l'époque.


Les USA produisent actuellement encore 20% des l'alnico produit globalement dans le monde, les chinois sont passés en tête comme pour beaucoup de domaines industriels, mais 20% de la production mondiale c'est tout de même des quantités absolument astronomiques au regard de la production musicale, donc on a encore de quoi faire.


Les micros que je fabrique sont équipés d'aimants que je fais venir des Etats -Unis, quitte à les payer plusieurs fois le prix que je pourrais trouver ailleurs. En fait, je selectionne mes aimants avec le même soin et la même attention que je selectionne mes bois. Alors comme cela n'apparaît pas clairement sur la facture, je pense qu'il était important que je prenne le temps de le rappeler et pour avoir à plusieurs reprises essayé divers aimants de diverses provenances je peux vous assurer que les économies n'ont jamais eu ma préférence sur le résultat sonore. Il y a suffisamment de constructeurs dans le monde qui ont la capacité de faire moins cher que moi, et je ne vais certainement pas rentrer dans leur jeu que je suis sûr de perdre, je veux bien que l'argument du "moins cher possible" soit primordial pour se placer commercialement, je préfère quant à moi viser l'argument du "meilleur possible" et en ce cas, être le moins cher n'est tout simplement pas possible. La plupart de nos guitares sont équipées de nos propres micros fabriqués à l'unité, ce qui nous permet d'avoir une écoute constante et un contrôle permanent du son que nous souhaitons obtenir. Selon les types de constructions, nous arrivons à orienter les micros afin de les marier au mieux avec la lutherie, la compléter ou aténuer certains caractères trop marqués. Cela se passe au feeling, à l'écoute, d'une manière totalement empirique et manuelle comme cela se passait à l'époque chez Leo Fender. Nos bobines sont irrégulières comme le sont les micros Fender des années 60 , cette irrégularité leur confère une musicalité, une dynamique, et des qualités que l'industrie à du mal à obtenir avec les bobineuses qui réalisent "parfaitement" le job.







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