Dans les jours ou semaines à venir, les prochains articles de ce blogs se consacreront essentiellement à une nouvelle et entière série de guitares issues récemment de l’atelier. Chacune d’entre elle est une pièce unique et sera détaillée depuis sa genèse et en passant par les réflexion et les techniques qui nous ont amenés jusqu’à elle. Ces articles sont les doubles des fiches de instruments que l’on retrouve sur mon site http://www.patrice-blanc.com à la rubrique “modèles” puis “disponibles”. Alors qu’il sortiront du site au fur et à mesure des ventes, ces articles seront archivés pour mémoire en permanence sur ce blog. A noter par contre que le site me permet une qualité des photos bien plus poussée que ce blog et les conditions aidant, je suis en mesure de proposer des résultats vraiment intéressants!
Je commence donc avec cette guitare particulière bien que totalement neuve.
J’ai mis quelques temps à trouver un interêt à ces instruments vieillis artificiellement, d’autant que parmi ceux que j’ai pu observer, peu d’entre eux étaient de vraies réussites. Mais à force de demandes de la part de certains de mes clients, et toujours curieux d’entreprendre de nouvelles explorations guitaristiques, j’ai fini par me prendre au jeu de cet exercice de style. Je n’en ferai pas ma spécialité mais je pense qu’il est intéressant d’avoir cette flèche de plus dans mon carquois, d’autant que je suis régulièrement amené à travailler sur de vrais vieux instruments anciens et de collection et que cet art du maquillage peut contribuer à rendre des restaurations plus crédibles et plus respectueuses de la valeur de ces saintes reliques de l’âge d’or du rock’n’roll.
Une guitare dans cet état à l’avantage de détacher le musicien du stress potentiel qu’engendre la possession d’une guitare neuve et de la déception engendrée par les premiers chocs inéluctablement infligés à l’instrument lors de la manipulation et du jeu. (Pour être régulièrement sollicité en tant que réparateur par des musiciens qui me demandent d’effectuer des retouches sur leur guitare abimée, je sais que cela est souvent vécu comme une vraie peine).
Il faut imaginer également qu’un musicien possédant une vraie guitare d’époque, valeur collection va avoir lui même un certain stress à la sortir dans certaines conditions: risques de dégâts irréversibles, de vol, de dégradation et d’usures remettant en cause sa cote collector. Si on va par là, une guitare de collection ne devrait être jamais jouée, elle devrait rester dans une vitrine ou pire un coffre. Sans compter que toutes les guitares anciennes ne sont pas obligatoirement bonnes et souffrent elle même parfois de difficultés à être optimisées dans leurs réglages.
Ainsi la guitare reliquée artificiellement devient de ce fait une alternative interessante, offrant à la fois la jouabilité et l’expressivité d’une guitare neuve, le look et les sensations d’une guitare ancienne, et pour les plus réussies, le son qui va avec, à la fois précis, clair et réactif, mais possédant la patine, le moelleux et le soyeux d’une lutherie et de micros naturellement vieillis.
C’est ainsi que pour ma part, lorsque je m’attaque à un relicage j’adopte une démarche quasi picturale à laquelle viendrait se greffer une dimension sonore indissociable et imbriquée faisant de ce travail une mission déjà bien plus compliquée que le réalisation d’une « simple » guitare neuve. Par “chance”, le fait d’avoir vu passer durant des années des milliers de vraies vieilles guitares et d’en garder un souvenir presqu’automatique me permet d’en “cartographier” les récurrence et de les reproduire de la façon la plus réaliste possible. Techniquement, je fais appel à un grand nombre de produits, de gestes, d’outils, la plupart inventés, détournés, et testés en condition sur le terrain.
Toutes les pièces métalliques jusqu’à la moindre vis sont elles aussi soumises à divers traitements, mais je veille à ce que toutes ces pièces gardent leurs fonctionnalités. J’épargne certaines vis, voire certaines parties de ces vis, afin de leur préserver leurs capacités de réglages et que la guitare reste un instrument de musique parfaitement ajustable et adaptable aux besoins de son propriétaire.
Notre guitare présentée sur cette page inclue toutes ces généralités et ces réflexions, mais elle se paye le luxe de quelques options peu courantes , voire inexistantes sur les modèles d’aujourd’hui. Si l’on observe son manche en érable américain sur dosse comme il se doit, on constate que celui-ci reçoit une touche en palissandre de type “veneer”, c’est à dire que la touche au lieu de faire ses traditionnels 5 ou 6 mm d’épaisseur est un placage de 2 mm qui vient se coller en force sur le manche qui lui même a été raboté au radius final. Cette finition a été utilisée par Fender entre les années 6O et jusque fin 70. Elle est quasiment disparue aujourd’hui et c’est bien dommage car le son est franchement intéressant, et il possède le claquant et les notes hautes du tout maple tout en ayant une bonne consistance et un bon développement des médiums et bas médiums. Les repères de touches sont également le type même de ceux que l’on retrouvait à l’époque chez Fender, les “clay dots” qui sont réalisés en résine micro-poreuse et qui au contact des doigts du musicien prenaient une patine et s’assombrissaient au fil des années, chose que les plastiques utilisés actuellement même s’ils reçoivent la dénomination “clay” sont incapable de reproduire.
Les micros pour finir: Pour en avoir démonté bon nombre, on arrive à dater un micro en fonction -entre autre- de la couleur de ses flasques de bobines. J’ai pu retrouver cette matière et je l’utilise pour faire mes propres micros et même si celle ci n’a jamais été utilisée pour faire les flasques supérieures, son rendu à la patine est tellement intéressant que je n’ai pas pu résister à l’envie de l’intégrer à ce modèle. Dans ma gamme de micros boutique pour Telecaster, il y avait le Single Barrel Classic, puis le Old Reserve, il y a maintenant le VSOP (Very Superior Old Production) qui pousse le détail encore plus loin, depuis la patine jusqu’aux traitements finaux.
Le relicage dépasse ici la recherche de l’authenticité et étrangement il la rejoint malgré tout. On sait tous qu’aucune Télécaster n’est sortie de chez Fender avec un vibrato de type Strat, aucune Fender ne possède une couleur Sonic Blue telle que celle-ci qui laissant entrevoir le veinage du corps en swamp ash à la façon des Tele 52 blondes et pourtant tout est là pour nous faire douter de ce que nous voyons. Ce jeu, cet exercice de style fait partie des recherches que je continue à effectuer sur le relicage mais cette guitare est et restera unique, une reproduction ancienne d’une guitare qui n’a jamais existé!
Corps: American Swamp Ash Manche: American Hard maple Board: Veneer rosewood Pickups: Parice Blanc boutique Single Barrel VSOP Tuners: Gotoh relic + home made over relicage Tremolo bridge: Gotoh Relic Bridge cover: Custom relic All other metal parts: Home relic Engraved Heastock / Neck Plate
Disponible immédiatement à la vente, modalités sur le site: http://www.luthier-guitare-patrice-blanc-nantes.fr/modeles/disponibles et nous contacter à l’atelier au 02-51-84-28-78
Comments